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  • : Le blog de Zen-en-toutt-cirkonstanss
  • : Viens partager ma philosophie et mes écrits, et découvrir mille et une chose sur l'homo senegalensis avec "SENEGALAISERIES" et "MON DICO PERSO", les tarabiscotages de la vie en couple avec "VIE A 2 HORS DU BLED" et la question du metissage et du retour au bled avec "LES REFLEXIONS DE BJ" Humour et optimisme sont les maîtres mots de ce blog. L'Afrique c'est peut-être dur, mais comme Phileas Fog, on y arriveraaaaaaaaaa ! Bon surfing !
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  • Zen-en-toutt-cirkonstanss
  • 30 ans,sénégalaise, journaliste,  stupidement optimiste et positivement amoureuse de mon continent. Aime écrire er rêvasser.
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27 juillet 2007 5 27 /07 /juillet /2007 07:28
M O N   D I C O   P E R S O


                                                     8 Mars
: Date symbolique qui célèbre chaque année la femme où qu’elle se trouve
villageoise-africaine-figurine-2.JPG
Et voilà,  comme chaque année, 8 mars par ci, 8 mars par là ! L’épouse, la mère, la fille… sont encensées, glorifiées, 20/20 et patati et patata… et demain, c’est fini ? Retour à la case départ c’est ça ? la cuisine, les gosses, les patarrons, les bonnes  et Môussé au clando du coin jusqu’à pas d’heure ? Pff ! Tu parles d’un hommage !


C’est soit disant votre jour, celui où l’on vous sublime, où l’on vous magnifie, où l’on salue votre valeur, votre courage… Sauf que vous, entre « Patarron-bi *» qui prend un malin plaisir à vous faire rédiger 40 fois la même proposition financière, « Taaw *» et « Tchaat *» qui ont tous les deux choppé la bronchopneumonie du siècle et votre homme qui est fidèle au poste… à l’after work, un verre de JB à la main pendant que vous tentez de remplacer l’ampoule de la cuisine pour jeter un coup de cristallin sur le dîner… Eh bien vous, n’avez pas la tête à ça !
D’ailleurs si c’était vraiment votre jour, les enfant seraient douchés, en pyjama et au lit façon ventre-plein-nègre-content…  Votre homme serait quant à lui à vos côtés, à vous mitonner un amour de petit dîner pendant qu’en robe sexy ( au décolleté complètement asymétrique), dessous affriolants et chignon bas ultra tiré, vous siroteriez une coupe de bissap ou de Laurent Perrier. Seulement voilà, le crâne envahi de repousses, (pas le temps ces temps ci pour un défrisage au top !) le bandana bleu de « Tchaat » négligemment noué, en jogging Adadas et Tshirt  « Jumbo aka saparal* » vous regardez vos mômes s’extasiez devant « Milagro* » et appuyez sans relâche depuis un bon quart d’heure sur l’interrupteur de la cuisine et donc de l’ampoule, qui décidément ne veut rien entendre… Vous avez dit 8 mars ? Vous avez beau tordre le cou de tous les côtés, vous n’apercevez aucun changement. Ce matin au bureau point de bouquet livré aux aurores par votre Môussé*transi d’amour. A la pause, point d’invitation pour un déjeuner surprise et arrivée à la maison, une fois Ndakaruu Ndiaye* traversée d’un point à l’autre avec un kilo de patience et une tonne de résignation, point de comité de réception, point de tapis rouge, vos bonnes ricanent bêtement comme d’habitude dans leur coin et vous, vous vous demandez si il existe sur terre une fille assez stupide pour penser qu’une journée lui étant consacrée puisse changer quoi que ce soit ! Vous filez tristement chez Narr-le-Maure*… Il faut bien la remplacer cette ampoule…

Dans la boutique, une bouteille de coca dans une main et un pain thon entamé dans l’autre, deux p’tits jeunots façon boys rappeurs, complètement à côté des réalités, clope au bec et « yo » à la bouche…pff navrant ! Surtout quand l’un deux vous apostrophe : « Hé guel* do niou fayel tchaine ? », La dignité courageuse, vous risquez un « douma seen morom han ! *» qui s’éteint dans votre gosier aussi vite qu’il est né… Le boutiquier édenté et rigolard, vous demande narquois si vous savez changer une ampoule et en profite pour vous envoyer son haleine fétide première pression, direct dans vos narines… Vous aimeriez lui dire que même si aujourd’hui vous êtes dans le marketing, lorsque vous usiez vos strings au département PC (comprenez physique chimie évidemment…) de l’UCAD (et appreniez accessoirement l’ampoule de A à Z…) il arpentait  tout Nouadhibou en sarouel et à dos de chameau, tout ça pour vendre des dattes dont personne ne voulait… by the way, vous auriez aimé dire à ces jeunes efferronttés que vous auriez pu les « djoor téméri yoon », mais vous ne voulez pas être méchante, encore moins vulgaire gratos, alors vous vous abstenez de tout commentaire non sans avoir lâché un de vos tchipatoo* dont vous seule avez le secret (vous savez celui qui fait pleurer votre bonne…) et vous rentrez chez vous, l’ampoule sous le bras.

Deux heures plus tard après avoir vaguement regardé le JT sur la RTS, les enfants couchés (après avoir récité 14 fois le théorème de Pythagore et deux fables de La Fontaine), les bonnes scotchées devant la dramatique du mercredi, vous êtes abattue… ! En larmes sur la couche qui fit les beaux jours de votre libido, l’ampoule toujours sous le bras, au comble de l’affliction, vous pleurez sur vous et votre féminité perdue, sur votre capital « mokhe pocc » qui se barre à grand coup de pagaie… vos seins s’effondrent soumis à la dure loi de la pesanteur, un double menton à pris ses quartiers sans vous demander votre avis. Vous réalisez que vous n’aurez jamais la chevelure de Béyoncé et que le greffage ne vous ira jamais aussi bien que Naomi, Boooouh ! Tant qu’à faire des bilans, vous en profitez. Vive le masochisme ! Ni une ni deux, vous voilà « tatinenn *», l’œil ultra sévère, vous affrontez votre profil dans le miroir en pieds de votre armoire six battants. Que vous ayez depuis toujours, des orteils maigres et allongés… ? Garawool*, que vos mollets soient quelque peu arqués ? Passe encore,…Mais c’est une fois passé le seul de ces fameux mollets que tout se gâte. Vos genoux jadis ronds « juste ce qu’il faut) sont aujourd’hui engorgés dans une masse adipeuse tout ce qu’il y a d’épais, vous ne distinguez même plus la ligne de démarcation entre vos cuisses, quant à votre ventre… Votre ventre d’origine, bombé (juste ce qu’il fallait) s’est transformé en chambre à air de car rapide. En fait vous pesez bel et bien le double du poids que vous pesiez lors de vos noces !Vos bras sont flasques à souhait, enfin votre visage avec les cicatrices, petite boutons et autres gaietés ornementales que vous vous efforcez de dissimuler sous des couches de poudre compact because le fond de teint ça colle lorsque la canicule fait des siennes, votre visage ne peut être qualifié de resplendissant. Pores dilatés, points noirs, excès de sébum…Pourtant les produits gommants et exfoliants s’empilent dans votre salle de bains, de même que l’intégralité de la gamme Clearessence Lemon Vitamin C, de quoi vous faire un teint éclatant sans une goutte d’hydroquinone… ça fait trois cent ans que vous n’avez pas fait de masques. En fait vous êtes rattrapée par un quotidien où vous avez de moins en moins de place pour vous. Donc vous vous laissez aller… et ça dure depuis un bon moment pff…. Si c’est pas navrant ça ! Décidément malgré ce que vous considerez comme des circonstances atténuantes, vous n’êtes pas fière de vous et en baissant la tête de découragement, vous vous rendez vraiment compte de l’aspect de vos pied. L’orteil long et maigre, on l’a déjà dit, mais vous constaté que le blanc de la french faite pour la Tabaski n’est plus qu’un souvenir, que la corne s’est extra développée sur vos talons et que vous avez un cor à chaque orteil, conséquence de votre entêtement à porter des chaussures fermées de préférence à talon alors que le podologue (comprenez spécialiste du pieds) vous a expressément recommandé pour soulager votre dos de ne porter que des sandales plates (ben voyons !)
Dépitée, vous vous affalée sur votre lit king size, et continuez à faire ce que vous n’aviez plus le temps de faire : broyer du noir !
Mais c’est que ça ne peut plus continuer comme cela, il va falloir que vous vous ressaisissiez …
Vous avez l’impression d’être devenue une vieille bonne femme fade et sans saveur, passant son temps à nourrir son mari et ses enfants, hurler après sa bonne maudire son patron et s’overdoser de « Rubi ». y’a-t-il seulement quelques pincées de sel dans votre existence ? oui vous aimez votre mari, oui vous adorez vos enfants, oui on apprécie et reconnaît vos qualités au boulot… Mais en dehors de ça… ? Et puis à quand remonte le dernier vrai câlin avec l’homme de votre vie… Pfff ! Vous ne vous rappellez même pas. La semaine dernière non ? Bref des siècles ! Tout comme cela fait des siècles que vous n’avez pas couru un 100m, danser un mbalax ou une salsa bien pimentée… Evidemment vous êtes dans l’exagération, mais quand on broie du noir, on y va à fond non ?
C’est dans cette position, un torchon de cuisine trempée de larmes (et accessoirement de morve…) que l’homme de votre vie ( et accessoirement père de vos enfants…) bref que Nidiaaye vous trouve, paupières gonflées, un trop plein de chagrin suintant de vos neurones. L’homme de votre vie qui comme toujours dans ces cas là, ne sachant trop quoi faire, vous demande à tout hasard s vous avez « vos affaires là » ou si vous vous êtes encore une fois disputée avec la bonne… Vous inondez alors son épaule, chialant de plus belle en bégayant que vous êtes et resterez décidément une éternelle incomprise, tout juste bonne selon Nidiaaye* à avoir ses ragnagnas et à vous crêpez le chignon avec les domestiques … Et tout juste bonne selon vous à se faire engueuler par patarron-bii, à pratiquer le « masla* » avec sa belle-famille, et atomiser ses rêves de jeune fille… Bref rien à foutre du 8 mars. Ce que vous voulez vous, c’est du bonheur, du soutien, de la tendresse, et beaucoup d’amour, comme au premier jour quand Nidiaaye en jean et Lacoste venait vous faire la cour chez votre père à Dieuppeul*, comme au premier jour de votre mariage… et ça vous le voulez tous les jours de l’année, 365 jours sur 365…, le 8 mars certes, mais aussi le 9 le 10 et le 11 et ainsi de suite, jusqu’à ce que la mort vous sépare… !


*Patarron-bi
: Le boss, le patron
*Taaw : l'aîné des enfants
*Tchaat : le benjamin des enfants
*Jumbo aka saparal : célèbre slogan ventant les délices du bouillon jumbo
*Milagro : personnage de télénovela colombienne
*Moussé : Monsieur, époux
*Ndakaru Ndiaye : Nom affectueux pour Dakar
*Narr-le-maure : épicier mauritanien
*Tchipatoo : bruit de bouche qui exprime le dédain
*Tatinenn : a poil
*Garawool : c'est pas grave
*Nidiaaye : époux
*Dieuppeul : quartier dakarois


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